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Shanghai Flow
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4 juillet 2006

Tales of The Lost Flow

jamming_by_redcrowstudio
"Jamming" by Red Crow Studio.

Petits et moins grands, amis et parents du monde d'en bas,
Voici là le conte d'un flow perdu en dedans duquel point de mensonges,
si ce n'est un mot ou peut-être même deux au pire moment du songe...

Bruits après bruits, images après images, l’épouvante s’était infiltrée dans tous les cœurs tendres. Ce jour là j'ai armé mon flow, grimpé sur le dos de la rime et j'ai tiré dans le tas...

Cousin, un jour qui semblait ne pas avoir de fin, j’ai créché dans une prison sans nom juste à deux pas du ciel. Je me rappelle encore les portes lourdes et closes de l’entrée et avec quelle force j’ai cherché la sortie. Bien avant que le vice ne me découvre, lui et ses sbires mondains, emmuré dans des habitudes que je n’avais pas choisies et dans ce cachot d'un monde que je n’avais pas construit.

Sais tu ce que cela fait de voir disparaître ses mains à chaque fois que l’on se saisit du vrai ? ça fait du bien. Trop de bien. Et c'est ainsi que j'ai traversé leurs murs d'acier.

"Moi c’est quand il se fait léger que le vent me tourmente un peu. Et si j’avais un couteau, je le découperais en petits bouts de mots que je ferais cuire dans un feu…"

Tu dis vrai petite sœur, il reste toujours le flow. Mais il n'est pas toujours d'un grand secours. Il ressemble  même parfois à un bouquet de roses fanées, abandonné sur le comptoir d’un bar désert, dans une impasse derrière la gare. Le flow n'est pas toujours d'un grand secours, surtout quand le train est en retard. Cela arrive à chaque fois que l’on se demande où sont passées nos étoiles et leurs cortèges de scintillements magiques.

A trop vouloir creuser, l’on ne trouve bien souvent que la roche impénétrable de son inconscience. Cette densité fluide ou l’âme se meut sans mouvoir et parfois même se meurt sans le savoir.

Nos symboles, nos mythes, nos contes et nos légendes. C'est là toutes nos vérités simples.

Et c'est là ce qu’ils ont perdu en recouvrant nos jardins secrets de bitume, de béton et d’acier. Au nom de quoi ? Au nom du Progrès, avec ses lunettes, toujours l'air sur de lui, et au nom du Profit, tout grassouillet qui toujours suit le Progrès à deux pas derrière, la queue frétillante et la bouche qui bave. J'ai rien contre eux mais je n'entends parler que de ces deux là depuis au moins cent ans.

Mais dis moi mon frère, pourquoi ont-ils tous les deux des lettres en P ?

C'est pour combler leur déficit d’âme car ils sont fils de la Grande Pute. Je n'ai pas d'autres explications petite soeur. Avec eux et bien d'autres monstres encore dont je te conterais l'histoire un autre jour, l'humain à dévoré la membrane qui le protégeait de lui-même. Et maintenant il croit qu’il peut aller jusqu'à s'enfanter tout seul.

C’est la vérité cousin. A cause d’eux j’ai, de mes yeux vu, mourir sur des galets brûlants de gasoil les dernières mamy-watas, les maman dlo, les marie morganes et autres sirènes, desséchées au soleil dur de l’abus de leurs psychanalyses de comptoir et de petites officines.

A cause de ces gens-là j’ai vu, de mes yeux vus, se mourir, empoisonnés au mercure, les derniers korrigans dont on voit parfois les petits cadavres noirs et velus pourrir au bord des autoroutes de vacances.

Laisse moi sacrifier le sang d’un coq sur la latérite rouge de ma mémoire. Juste pour réparer l’offense. N’oublies jamais petite sœur que clochette ne meurt que si tu cesses de croire en son existence. Et que tant que mon ombre me jouera des tours, je saurais que je suis encore toujours, comme Peter Pan, capable de voler.

Alors, cet homme nouveau, ce sauveur qu'ils attendent, ce leader d’opinion, ce charismatique leader d’entreprise, qu’est-ce qu’il raconte aujourd’hui ? Allumes la télé que je l’écoutes un peu. Le voici, tête nue au soleil, qui se gargarise de vérités creuses à force d’êtres pensées dans le vide. Il les répète comme un mantra technologique, chatoyant de couleurs de spots publicitaires. Il s’en vaporise sur la conscience comme un déodorant qu’ils nous revendront ensuite en grande surface. La vérité, produit de consommation courante en vente, en solde et à prix sacrifiés ? Tu crois ça possible cousin ? Qu’on puisse vendre la vérité ?

Examine bien, petite sœur, leurs bouches soignées et peintes. En gros plan et plein écran. Ces bouches de miel et de lait rance qui nous font part de leur philosophie, de leur cuisine politique et de leur sacro-saint art comptant pour rien. Ils savent tout sur tout et surtout tout sur rien.

Et regarde maintenant cousin, regarde les millions d’oreilles de zombies modernes abrutis par les crédits revolvers braqués dans le derrière qui captent leurs messages.

Et maintenant, des millions de lèvres anonymes s’en vont répéter ce qu’ils ne savent pas car ils n’ont plus que les infos pour apprendre. Ecoute les «il paraît que c'est vrai que, on a dit que c'est faux que, c’est la faute à ci et pas la faute à ça, on n’a plus qu’à, c’est ça qu’il faut et rien d'autre, c'est lui qui a raison, l'autre c'est un con, ça c'est bon et ça c'est nase…» qui se murmurent à présent dans les rues.

Des phrases toutes faites, préfabriquées, rapides et courtes, sans explications, faciles à retenir, faciles à comprendre et faciles à redire. Cool non ?

Des phrases au marketing irréprochable touchant des millions de cibles. L’art du mensonge comme dernière bible graphique et laïque. La force de frappe de l’ignorance c’est qu’elle se renforce toute seule à chaque fois qu’un connard la propage, ne serait-ce qu'en ne cliquant pas au bon endroit ou en ne zappant pas assez.

A ne pas savoir ce qu’on cherche, l’on finit pas tomber sur ce qu’on fuyait. Et à ne rien chercher on finit par se perdre…

Ce sont les contes du flow perdu.

Ce monde là n’est pas le notre cousin, je peux donc en sourire tout comme toi.

Et maintenant, petite sœur, laisse moi te raconter l’eau, les fontaines et l’amour...

mister_k_signature13
 Tales of The Lost Flow - 06'
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Commentaires
N
plus je lis plus tes mots, plus ils me font penser à ceux de Blaise, je ne sais plus son nom, des paroles qui écorchent et râpent ... je vais chercher son nom, je reviendrais te lire
M
The Liu> qui se ressemble s'assemblent, c'est pas toujours un mythe et j'aime ton mot "le même chemin emotionnel" c'est très juste ;-)
L
je me demande bien comment nous aurions pu nous rater dans la blogosphere trop etroite pour que les similaires ne se croisent pas.<br /> Ils se frappent dans la main et regardent le même chemin emotionnel:)<br /> Please go on Brother:))))<br /> The Liu)
M
The Liu> merci bcp pour souligner "mes personnalités" en finissant par "toi-même". ça me parles à un point tel que tu dois forcément le connaître puisque tu l'a repéré. Comment exprimer sa propre multiplicité sans pour autant être schizophrène ? Donc être soi-même tout en sachant qu l'on est fait de contradictions et de "couleurs" complémentaires. C'est bien de cela dont j'essaye de parler. Demeures aussi ce que tu es Miss ;-)
M
d'autres> lol, mais tant mieux pour les frissons ;-)<br /> voilà que le nom de Neil Gaiman et American Gods reviennent sur ma route, il va vraiment "falloir" que je jette mon oeil sur lui... Maurice Dantec je ne connais pas mais tu m'y incites dur ;-)<br /> <br /> j'adore vraiment ton "mélodies approchantes". c'est la meilleure façon de comparer (et avec élégance en plus) une expression avec une autre. totalement différent des raccourcis habituels. mais tu n'est pas dans ces shémas là, je le sais, ce qui donne encore plus de saveur à ton commentaire. merci à toi pour l'avoir posé.
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