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20 mars 2006

Anger In The Nation

cheikh_anta_diop
Cheikh Anta Diop (1923-1986)
Scientifique Africain

Je vais régulièrement sur les sites Internet de plusieurs quotidiens ou hebdomadaires, français et étranger. Et sur celui de Marianne, regardant les dossiers consacrés à l’Afrique (et oui on ne se refait pas) je tombe sur l’article suivant, écrit par un certain Patrick Girard. Article qui suit et que je met ici en intégralité. Ensuite suivra ma réponse à cet article.

Le but de ce post est de montrer à quel point en France, les minorités, françaises de surcroît comme celle dont je fais partie, n'ont souvent droit qu'à un mépris total dans les médias nationaux. C'est un exemple du journalisme destiné au plus grand nombre qui, dans le sentiment réconfortant d'être compris par la majorité, se permet les plus grandes libertés par rapport aux sentiments, aux valeurs où à l'intelligence des minorités, profitant, de fait, que celles-ci soient trop souvent silencieuses.

Moi, j'ouvre ma grande bouche.

open_mouth_manorig

Voici l'article de Patrick Girard à l'origine de ce post :


Controverse : L’Afrique revendique la Chine

Le 19/01/2006 à 12 h 14 par Patrick Girard

« Faute de pouvoir s’opposer à la suprématie chinoise en matière économique, certains intellectuels africains bâtissent des « châteaux en Chine » .

Depuis le début des années soixante, fleurit une certaine école historique, plutôt pseudo historique, inspirée par les travaux de Cheikh Anta Diop. S’inspirant de la négritude chantée par Césaire ou Senghor mais aussi et surtout répondant au formidable désenchantement provoqué par l’échec du « soleil des indépendances », cet érudit sénégalais, dont l’université de Dakar porte le nom,  défendit la thèse selon laquelle l ‘Afrique, non contente d’être le berceau démographique de l’humanité,  avait été aussi à l’origine de la civilisation égyptienne, dont beaucoup de Pharaons, y compris Cléopâtre, étaient de souche nord africaine, donc d’une partie de la civilisation  occidentale.

Ce courant connu un essor considérable à partir des années 70, non pas en Afrique, mais aux Etats Unis avec le développement des Afro-American Studies, le tout sur fond de polémiques créées par la mémoire de l’esclavage et de la ségrégation raciale ainsi que par l’affirmation d’un très fort sentiment de retour des Noirs américains à Mama Wetu, la Mère Afrique. L’on vit des épigones radicaux de Cheikh Anta Diop affirmer que les Européens avaient non seulement déporté les Africains, mais avaient sciemment occulté la trace de leur participation massive et fondamentale à la civilisation, pour mieux les confiner dans un statut d’infériorité justifiant le mépris dont ils étaient les victimes.

Un livre, Black Athena,  fit quelque bruit et bénéficia d’une indulgence coupable d’une certaine critique victime du syndrome de la « case de l’Oncle Tom » et d’un exotisme de pacotille.

La descente aux enfers du continent à partir de la décennie 80, la « décennie perdue », a renforcé ce courant.  Les thèses les plus fantaisistes circulent et peuvent être considérées comme des thérapies compassionnelles visant à offrir aux parias de la mondialisation une consolation à défaut d’une lueur d’espoir.

L’Asie et la Chine n’échappent pas à ces investigations comme le montre la parution d’un livre de Runoko Rashidi, Histoire millénaire des Africains en Asie (Editions Monde Global, 210 p., 21, 50 euros), dont la quatrième de couverture vaut d’être partiellement citée : «  Qui étaient les premiers habitants de la Mésopotamie, du Japon, de la Chine, de l’Inde ? Qui étaient les premiers Arabes ? Qui étaient les fondateurs de la brillante civilisation sumérienne ? Le boudhisme est-il d’origine africaine ? Ce livre raconte une histoire fascinante et occultée qui commence il y a plus de 100 000 ans. Il bouleverse toutes nos certitudes sur les premières grandes civilisations de l’Asie. Il bouscule la pensée unique qui règne dans certains milieux de la recherche scientifique et historique. Car du XIX° siècle, à nos jours, de nombreux historiens, archéologues et anthropologues ont été les complices d’une vaste entreprise de falsification de l’histoire et du rôle des Africains dans les civilisations de l’antiquité, en Asie et ailleurs ».

Le ton est donné. Il est fort à parier que Runo Rashidi, qui s’autoproclame «  célèbre historien et conférencier international » de renom nous livrera bientôt une somme sur les origines africaines de la civilisation Inuit.

L’Histoire millénaire des Africains en Asie est une compilation besogneuse d’articles décousus, fondés sur des textes écrits par des besogneux illuminés et autodidactes et sur une conception racialisante de l’histoire, qui rappelle les  théories d’un Gobineau ou d’un Vacher de Lapouge. »




checkthisout

Et voici ma réponse :

En lisant cet article, que je qualifie comme un total verbiage malhonnête, je ne pouvait que répondre. Réponse que les responsables du site Marianne ont eut l’honnêteté d’enregistrer. J’aurais voulu signer Mister K, mais leur interface ne m’a accordé que le Mister.


Le 18 mars 2006 par Mister

"Quel mauvais article que celui de Monsieur Patrick Girard. Il aurait figuré sur un blog quelconque que je n’y aurais prêté que le temps du clic de souris zappeuse qu’il mérite.
Mais voilà, il est signé sous l’entête de Marianne. Hebdomadaire que j’apprécie.

C’est honteux de prendre sa plume où son clavier pour écrire un article aussi peu documenté et aussi mal ficelé que le vôtre, Monsieur Patrick Girard. Honteux pour ne pas dire malhonnête. Quand je sais que vous êtes le responsable de la rubrique Histoire à Marianne, cela questionne le sérieux des articles consacrés à l’histoire. Histoire dont les amalgames les plus faciles vous viennent sous la main pour boucler votre « article ».

Par exemple, peut-on faire plus imprécis et vague que cet extrait de votre article ? « …la civilisation égyptienne, dont beaucoup de Pharaons, y compris Cléopâtre, étaient de souche nord africaine, donc d’une partie de la civilisation occidentale. » Patrick Girard.

Sur au moins 3000 ans d’histoire (bases enseignées en 6ième) vous allez nous chercher une Cléopâtre qui représente les derniers soubresauts d’une civilisation égyptienne agonisante ? Je n’aurais pas besoin de m’étendre sur le sujet, ce serait vous accorder plus d’importance que votre texte ne mérite.

Peut-on faire plus irréfléchi que cette phrase qui est vôtre Monsieur Patrick Girard ? « Cheikh Anta Diop (…),répondant au formidable désenchantement provoqué par l’échec du « soleil des indépendances » (…) défendit la thèse selon laquelle l’Afrique (…), avait été aussi à l’origine de la civilisation égyptienne. »

Et vous êtes responsable de la partie Histoire chez Marianne ? Moi qui pensait qu’il y avait une autre pratique du journalisme chez Marianne différente de celle pratiquée par Libération pour ne citer qu’eux.

A titre d’information, Cheikh Anta Diop n’a pas écrit sa thèse en "répondant au désenchantement" des indépendances. Il a commencé ses recherches bien avant les indépendances africaines.

J’ose vous rappeler, cher Monsieur Patrick Girard, responsable de l’histoire à Marianne, que c’est en 1960 que le Sénégal, dont était natif Cheikh Anta Diop, prit son Indépendance. Et c’est en 1954, donc 6 années avant l’indépendance de son pays, que Cheikh Anta Diop écrivit « Nations Nègres et Culture » (edit), l’ouvrage qui fonde sa thèse sur l’origine africaine de la Civilisation Egyptienne.

Expliquez moi donc dans ce cas comment, comme vous l’écrivez aussi légèrement, ses thèses peuvent-elles être en réponse « au formidable désenchantement provoqué par l’échec du « soleil des indépendances » ? Pour un responsable d’histoire à Marianne, vous semblez pour le moins approximatif, voir perturbé, par les questions de chronologie les plus élémentaires.

Cela n’enlève rien à la qualité de Marianne, œuvre collective, mais sur le chapitre de l’Histoire, et tant que vous serez responsable de celle ci pour l’hebdomadaire, je serais porté à la suspicion la plus extrême quant à la qualité et au sérieux des articles écrits sous vôtre plume. Votre article va même au-delà de l’inexactitude, il est empreint d’une idéologie tout aussi approximative et fantasque que celle que vous vous êtes donné la mission de dénoncer. C’est pitoyable."


Vive la France mec !

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Commentaires
P
Il est toujours très intéressant de découvrir les commentaires provoqués par des articles. La polémique est un art utile à condition de ne pas franchir certaines limites. <br /> Il est ainsi pour le moins suspect de vouloir isoler un " mauvais sujet", en l'occurence votre serviteur, du reste de la rédaction de Marianne. Il est encore plus douteux de laisser utiliser par vos correspondants des termes comme "colonisateur" dès lors que l'on tient un langage qui ne plait pas à certains. Cela s'appelle de la diffamation, légalement répréhensible, une jurisprudence existe. Que sait l'auteur de cette accusation de mon passé ?Répondre " Tu as tout dit" constitue d'ailleurs une circonstance aggravante. Vous auriez tout intérêt à faire preuve d'une certaine déontologie dont vous vous targuez bien à tort. <br /> Il faut surtout savoir lire un texte. Dire que les thèses de Cheikh Anta Diop ont été lues et interprétées par plusieurs comme une réponse au désanchentement provoqué par la faillite des indépendances est une évidence dont les analystes de l'afrocentrisme ont noté les multiples occurences.<br /> Au demeurant, les grandes polémiques sur l'oeuvre de Cheikh Anta Diop sont très postérieures à la publication de son livre, passé à l'époque plutôt sous silence, cfe qui était un tort, par le mondee universitaire.<br /> <br /> Enfin, je ne considère pas comme une insulte de me voir dire que mon style ressemble plus à celui de Libération. J'ai du respect pour mes collègues de ce journal comme du respect pour l'histoire du moins lorsqu'elle n'est pas instrumentalisée au service d'idéologies, peu importe laquelle.<br /> Bien à vous<br /> Patrick Girard
M
Bravo !!! Quelle analyse et quel sens de l'éthique !!!<br /> Monsieur Girard devrait en tirer quelques leçons !<br /> <br /> Je découvre ton blog et je me régale.<br /> <br /> Bises et a tres bientôt, ici ou ailleurs
M
mae > tu as tout dit ;-)
M
hahaha!! trop bien!! c'est vers la fin des années 1950, qu'eut lieu la grande querelle entre les égyptologues classiques sinon conservateurs et le militant visionnaire que fut Cheikh anta Diop. <br /> La couleur de Cléopâtre personne ne la connaît? La question qui peut intéresser un historien n’est pas : quelle était la couleur de Cléopâtre? mais : pourquoi personne n’en a-t-il jamais parlé? (Shakespeare peut être pour qui elle est une fois “black” et une fois “tawny”)<br /> Mr Girard a t il un vieux réflexe de colonisateur?
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