Hyperlink

18 décembre 2005

Hyperlink.01
Ma douzième vision, une chanson
en flamboyances d’arabesques de rimes
de gros pixels gravés vite au zénith à coups d’éclairs numériques
une danse dans laquelle je clique

J’étais un apache
voyou fier et sage
accroupi pieds nus en balance
sur la croupe ronde d’un nuage Noir et chaud
candide et tactile était mon nuage
Je scrutais devant moi l’horizon barbelé des hommes
Attablés autour de ruines sentant l’urine brillante comme de l’or
Le soleil levant venu j’en ai pleuré d’amour
Et j’ai jeté ma déveine sur les pages de verre d’un océan numérique
Fécondant par toutes les interstices les porosités mielleuses du mal
Mon karma cyclique entre l’Eden et Iblis
La lumière pour guide et Le feu pour seule sagesse

Rocher sauvage j’ai tenu tête à corps perdu
aux assauts condescendants et tendres
De tempêtes de signes et de chiffres hurlés dans la bouche du mystère
Tout cela pour mon âme gagner
Combien de temps me laisserais-je encore submerger
pour couler Au fond des eaux salées de mes amertumes en chansons
Les crocs de la vie plantés dans ma chair d’humain

Là sur cette enclume j’ai forgé l’or à venir
pour ressurgir hors de mes jours passés
Les cheveux ruisselants des argents de la lune
Resplendissante sur mes nuits d’éveil
J’avais le front pareil aux bienheureux
L’œil du milieu ouvert en soleil
Qu’Il soit loué
autant de fois qu’il y a d’atomes dans les grains de sable
de ces déserts où me mène Son Souffle

Hyperlink.00
Front à terre ! c’est ma neuvième vision
Je vois défiler des myriades d’icônes
sur la galaxie des réseaux en liens
A chaque click un univers s’ouvre à ma fenêtre
Contrastes des couleurs de peintures en binaire
Je possède à portée de disque dur
le pouvoir d’un bouddha virtuel
Trônant au cœur de chaque site
Une idole anonyme adorée par des multinationales
célébrée par toutes les marques, traqué par les Etats
dont les bannières sont l’inaltérable offrande qui m’est sacrifiée
et sur lesquelles j’appose mon curseur
comme une bénédiction
je suis devenu une divinité paradoxe
qui donne son obole à ceux qui www.m’adorent.com

Hyperlink.01
Front à terre !
Moi l’apache face aux tornades sur 19 pouces
Au nom de l’humain j’exige que ce royaume où nos êtres s’interconnectent
Soit affranchit des scans des robots calculateurs
Qui rêvent en codes barres d’une effroyable Armaguédon

Ma douzième vision
Les cartes de crédit construisent l’ombre de Zion à coup de puces
Et cette ombre sera greffée de force au cœur de l’humain
L’esprit défragmenté tel un sphinx anonyme
Je délivre en binaire mon message

Derrière l’écran un autre m’observe
La mémoire vive embusquée