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Shanghai Flow
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12 juillet 2008

Ça ne court pas les rues

    Hier j’ai entendu cette expression : « trouver un bon poissonnier c’est dur, ça court pas les rues ».

    Bon, tout le monde, à part un ou deux bouddhistes tibétains détestant le poisson et la course à pied, connait l’expression.

poissonier Coureur_de_rue_02

Poissonnier                          Coureur de Rue   

    Je me suis tout de suite imaginé un poissonnier, appelons-le Youssef, avec son beau tablier blanc de poissonnier, sa toque bleue, ses bottes de caoutchouc jaunes et son grand couteau de poissonnier pour découper de jolis filets de sardines.
    Youssef est un bon poissonnier et ce qui le distingue de tous les autres poissonniers de la terre, c’est qu’il ne court pas les rues. Chacun son truc.   

    Si donc quelqu’un vous affirme avec vigueur que : « Des bons poissonniers comme Youssef,  ça ne court pas les rues !», il signifie clairement par là que vous avez très peu de chance de croiser Youssef avec son couteau de poissonnier en train de taper le cent mètres dans les rues de votre quartier.  

    D’abord, d’un, Youssef ne court pas, et de deux, quand bien même Youssef aurait une passion immodérée pour le sprint, il ne s’y adonne jamais en pleine rue.
    Donc, pour croiser le bon poissonnier qu’est Youssef en plein marathon rue Foch ; macache, tintin, wellou, zéro, bonbon : c'est impossible.    

    Drôle d’expression quand même. Et particulièrement apprécié du locuteur lambda à la forme négative.

    Voici deux exemples relevés sur le terrain :
    « Un boulot payé 4000 boules, ça court pas le rues ». Effectivement, super hard de visualiser un concept aussi abstrait que « boulot payé 4000 boules » en train de faire son jogging sapé Gucci rue Gambetta.
    « Des mecs aussi cons que ça, je te jure, ça court pas les rues ». Dans cette phrase, la mention « aussi con que ça » indique qu’il s’agit d’une espèce de con bien définie, l’élite du genre en quelque sorte et que l’on a peu de chance de tomber sur un spécimen en train de tracer comme un dingue rue Joffre. 

    L’expression possède quelques équivalents assez redoutables. Jugez-en plutôt :

    « Un bon poissonnier comme Youssef, ça ne se trouve pas sous les pieds d’un cheval » (j’imagine l’improbabilité de la scène) auquel répond non sans finesse et logique le québécois : « Un bon poissonnier comme Youssef c’est rare comme la marde du Pape. »
    Oui, les cousins disent « marde ». Avec « e » ça ferait trop french-bobo.
   
    Pour finir le tour de la famille francophones, au Cameroun, l'on peut entendre la formule cabalistique suivante : « Vendeur de poisson façon Youssouf là, tu vas fatiguer jusqu’aaaaà pour trouver son pareil. »

    L'emploi de « jusqu'aaaaa » ou le « a » est plus ou moins long en fonction des capacité pulmonaires du locuteur, suggère avec vigueur l'idée que même en sillonnant les rues du quartier jusqu'à l'exténuation des facultés motrices, il est fortement improbable que vous croisiez quelqu'un ressemblant à Youssef en train de faire son footing.    

    En anglais l’on entendra le très perspicace et bucolique : « Fish merchants as good as Youssef is do not grow on trees. » (les bons poissonniers comme Youssef ne poussent pas sur les arbres).
    Et en breton le super mystique : « Ur marc’hadour pesk èl Yousef zo ken just ha fri ar c’hazh » (un poissonnier comme Youssef est aussi rare que le nez du chat).  

    Notons les expressions de sens contraire, signifiant « facile à trouver, commun ou banal » : « Courir les rues, Battre la campagne ».
    Expressions qui au passage sont aussi les titres de livres publiés par Raymond Queneau, le premier en 1967 et le second en 1968. Je souligne la chose car je trouve ça complètement dingue.
    C’est aussi de nos jours le nom d’un groupe de chanson française.
 

    Puisque l’expression provient de « courir les rues », et j’en aurais fini, j’ai appris que cela s’employait autrefois dans « être fou, être fou à courir les rues, à courir les champs, être très fou. »

    Y avait-il, à un moment donné en France, des myriades de dingues qui courraient dans tous les sens les rues des villes ? A tel point que l’expression a évoluée en « être commun, fréquent » ou encore « courant » ? (encore le verbe courir sous sa forme au participe présent)


Courir_les_Rues

   

Les mystères de la langue mec. Puissant. 

    Et pour conclure, je cite Mister R, respectable patron de l’alimentation de nuit du coin et philosophe à ses heures :
    « Ah ça, les cons, c’est sur, ça court les rues ! Il y en a partout ! Et ça galope, ça galope ! Ah les cons, ça court oui ! Ils font que ça toute la journée. »

    Pourquoi cette fixation en français sur le noble art de la course à pied urbaine pour signaler la rareté ou la trop grande fréquence ?

Mister_K_Signature

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Commentaires
W
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G
moi je la connaissais avec un cul de jatte...<br /> un cul-de-jatte, ça ne court pas les rues...<br /> OK, je sais c'est mauvais<br /> et je m'excuse auprès de tous les amputés des deux jambes
Ó
En islandais, on dit: les poissonniers comme Y., on ne les trouve pas sur chaque brin d'herbe.
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