The Sound Museum

Everything We Do Is Music by Bodading

Elle marche et dans sa main droite elle serre un beau bouquet de roses. Elle sourit aux passants pressés vêtus de costards électroniques. Ils ne font pas attention à elle. Leurs portables calés sur l’oreille, la tête penchée de coté, ils sillonnent les trottoirs, semblables à de curieux satellites en pèlerinage autour d’un provider invisible et tout puissant. Un dieu schizophrène, rigide, abominable.

Elle ? Elle marche. Souriante… Coiffée d’une étrange gaze blanche. Ses yeux d’amour derrière de bleues lunettes comme un papillon. Si seulement ils pouvaient tous voir ses yeux ! Même une seule fois ! Le monde deviendrait autre je te l’assure.

Elle s’arrête de marcher et admire l’envol d’une flopée d’hirondelles aux milliers d’ailes noires serrées de petits corps blancs…

Comme une flambée de soleil sur un pare-brise.

Elle rit d’un rire chatoyant, puis d’une arabesque de son bras, elle lance vers le soleil morose son bouquet de roses qui épouse la courbe d’un arc tout le long duquel éclate chacune des pétales de son bouquet de rose, coloriant de rouge un arc dans le ciel.

Et ce rouge pur de pétales de retomber sur le marbre gris et usé de la place où elle est…

Les passants poursuivent leur simulacre de danse. Toujours synchrones. Avec les flux et reflux des cours de la Bourse. Tous dansent avec les chiffres, sauf un enfant.

C’est à genoux qu’il ramasse en amour une poignée de roses tombées.

A ce moment précis, la place ressemble à une arène. Vaste. Vaste comme ce cercle où s’affrontent dans l’épaisseur intemporelle d’antan les sumotori de l’empire des symboles.

L’enfant et la femme se font face. Elle debout, lui, à genoux. Tous les deux sourient de cet instant de connivence. Petit fragment d’innocence dans un bol d’indécence.

Le visage du garçon est baigné d’un rayon d’or de soleil. Ses grands yeux pétillent, humides, clignent deux fois, puis une troisième. Elle ouvre grand son sourire et la blancheur de ses dents s’accorde grand avec la gaze qui la coiffe.

Tout devient silencieux. La place s’est vidée. Le vent fait danser leurs vêtements. Les pétales de roses tournoient  à leurs pieds soufflées par mon flow. L’enfant se relève. Lentement. Un peu gauche. Il avance d’un pas vers elle. Elle fait un pas vers lui.

Il tend sa poignée de fleurs rouges vers elle et elle enlève ses lunettes bleues. Ils font encore un pas l’un vers l’autre et abolissent la distance qui les séparent du flow.

Ils respirent maintenant dans cette sphère invisible où deux êtres peuvent épouser l’intime. L’un près de l’autre.

Elle enlève ses lunettes. Il dépose des deux mains ses pétales de rose dans les mains de cette femme sans lunettes de soleil.

Il éclate d’un rire tendu comme les cordes d’un koto, clair comme un reflet de lune dans un verre d’eau.

Elle plisse les yeux et rit à son tour.

Des larmes de rire qui perlent sur ses pommettes.

Et les hirondelles, par flopées successives, graphent le ciel bleu du signe : The End...

Ecrit en pétales de roses...

The Sound Museum
remix '07 from 1999
Copyright Future Flavaz
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Inspired by "The Sound Museum"
Towa Tei « Sound Museum » EastWest 97’

Comments

[Mister K]

Kwaame > Faute de frappe réparée :) Akiba aboui :) (merci beaucoup en boulou) :) C'est inspiré Towa Tei, trublion japonais avec qui les sisters Nubians ont fait un morceau fut un temps :))

[KwAame]

"elle lance vers le soleil morose son bouquet de roses qui épouse la courbe d’un arc tout le long duquel éclate chacune des pétales de son bouquet de rose, coloriant de rouge un arc dans le ciel." Whouah! j'en ai le souffle coupé. Très beau Mister K
KwA.
PS: Attention petite faute de frappe : "Ils respirent mainteNAIT dans cette sphère", mais peut-être cette ligne est envisageable avec maintenir aussi : "Leur souffle les maintenait dans cette sphère invisible où deux êtres peuvent respirer l’intime..." ça me passait juste par la tête :P Carry On!