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7 mars 2006

Mattafix - Signs Of A Struggle

mattafix___signs_of_a_struggle____2005

Mattafix – Signs of A Struggle – (EMI/2005)

C’est mon boulanger qui m’a le premier parlé du groupe Mattafix en me conseillant, puisqu’il connaît certains de mes goûts en musique, d’écouter leur album « Sign Of A Struggle ».

Le boulanger dont je parle se prénomme Jérôme, deejay à ses heures perdues et métis originaire des caraïbes. Et Jérôme fait du super bon pain. Ce qui n’est pas le cas de tout les deejays et mérite donc d’être signalé.

J’ai pris l’album que me tendait Jérôme ainsi que ma baguette de pain quotidienne. C’était il y a plus de deux mois. J’ai posé l’album sur une pile de dossiers près de l’ordinateur et je l’ai tout simplement oublié là.

Mais c’était sans compter sur Jérôme qui chaque jour me demandait si j’avais écouté « Signs Of A Struggle » et ce que j’en pensais. Lassé et honteux de lui fournir chaque matin des excuses bidons du genre « J’ai pas encore eu le temps, tu sais le boulot et tout ça, je le ferais demain ».

Voyant que le peu d’estime que ce garçon me portait s’effilochait de jour en jour et surtout que les baguettes de pain qu’il me servait étaient plus petites et moins savoureuses que d’habitude, j’ai pris mon courage à deux oreilles. J’ai balancé le cédé dans la chaîne du salon pour l'écouter tout en révisant les 20 dernières pages de ma présomptueuse autobiographie. « Mister K ou les Tribulations d’un B-Boy en enfer»

Et je n’ai pas lâché l’album trois jours durant. Ce qui pour moi est un exploit compte tenu de mon attitude peu complaisante, désintéressée et de mauvaise foi vis-à-vis de la production musicale actuelle. Ainsi, pour faire honneur à mon boulanger deejay et au plaisir que m’a donné l’écoute de Mattafix, je me suis décidé à en faire la chronique dans Shanghai Flow.

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Mattafix - Marlon and Preetesh

Mattafix. Drôle de nom pour un groupe. Pour l’anecdote, j’ai d’abord pensé que ce nom était un vilain jeu de mots construit à partir de Patafix. Cette fameuse pâte jaune tant appréciée de certains adolescent pour tapisser leurs chambres d’horribles posters. Sûrement pour réaffirmer avec vigueur ce qu’ils ont déjà marqué au feutre sur la porte de la chambre : « N’entrez pas ! Je vous déteste tous ! ».

En réalité et bien heureusement, Mattafix tire son nom d’une jolie expression créole issue de « Matters Are Fixed » signifiant donc « Les problèmes sont réglés ».

Ce nom souligne aussi les origines caraïbéenes de la mère de Marlon Roudette, le chanteur du duo Mattafix. Duo dont l’autre moitié est Preetesh Hirji, aux parents originaires de l’Inde. Tous deux ayant surtout grandi à Londres pour faire simple. 

Preetesh Hirji, est le compositeur principal de la musique de « Signs Of A Stuggle ». Sa palette musicale puise dans tellement de styles qu’il faudrait un article entier pour en établir la liste. Mais ce qui m’a plu d’emblée c’est la finesse avec laquelle il arrive à créer ce son original que l’on retrouve sur l’album. Et sa musique est parfaitement servie par la voix de Marlon Roudette.

La voix de ce dernier possède un timbre doux et feutré, avec cette particularité soul qu’on peut retrouver chez un Stevie Wonder au même âge. Je rappelle que les deux membres de Mattafix n’ont pas 50 ans à tous les deux. Mais si l’ensemble de l’album est chanté, Marlon se met à rapper sur certains morceaux et dans le but d’en faire ressortir les aspects durs. Avec un style de rap que seuls possèdent les britanniques, très chargé d’influences dance-hall. Et son rap très à propos, donne un ton plus grave d’emblée, voir le morceau « 1130 », ce qui confirme le gros potentiel de cet artiste.   

En écoutant attentivement l’album, on se rend compte qu’il s’agit d’une véritable collaboration artistique entre les deux membres du groupe. C’est du travail sérieux. Pas question ici que celui qui fait la musique travaillotte dans son coin et envoie ensuite ses bandes au chanteur, qui pose sa voix dessus quand il a le temps, entre deux parties de Playstation. Ne riez pas, je l’ai déjà vu faire.

Avec Mattafix, on entend dans chaque morceaux une solide réflexion autour du choix du son et de la manière dont la voix se pose dessus. Si Preetesh est bien le compositeur en chef, il ne fait aucun doute que c’est bien ensemble que les deux artistes ont élaboré l’album. Et à tous niveaux. Autrement dit ce n’est pas du foutage de gueule sur 14 titres, c’est un beau travail collectif sur un bel album.

Cette collaboration prend toute sa dimension sur le morceau « 555 », par exemple. Qui intègre une rythmique de tablas indiens accompagné d’une mélodie jouée par sur des steel pans (instruments de percussion faits à base de futs métalliques utilisé par les steel-bands caraïbéens). Sachant que le chanteur Marlon Roudette est originaire des caraïbes et que le compositeur Preetesh Irji d’Inde, ce morceau apparaît très vite comme l’affirmation d’une collaboration réelle et pour ma part très réussie.

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Mattafix - Marlon and Preetesh (again)

Steel pan et tablas ? Guitare sèche folk sur beats Hip-Hop ? Nappes de violons sur piano avec roulements furtifs de rythmique jungle ?

Oui, tout ça. Et plus encore. C’est même la particularité de « Signs Of A Struggle ». Un mix de sonorités musicales puisées dans les nombreuses influences de chacun des deux artistes. Rien d’étonnant là-dedans, c’est même la marque de la plupart des musiques actuelles, sauf que la prouesse c’est justement de faire tenir tout cela ensemble au travers d’une musique cohérente.

Et c’est justement dans cette cohérence sonore que transparaît le génie de Mattafix. Ils y parviennent avec intelligence. Ce qui fait que l’on voyage sur 14 morceaux dans un univers aux rythmes ancrés Hip-Hop, virant reggae comme sur « Cool Down The Place », electro-lounge sur le très beau «  Clear and Present Danger » ou encore résolument urbain et sombre dans « Big City Life ».

Pour simplifier on peut dire que Mattafix fait du trip-hop. Et on pourra même dans ce cas les rapprocher de Morcheeba, de Massive Attack voire même de Tricky. Notez que ces trois groupes sont britanniques au passage. Mais c’est pour simplifier. Et pour aller plus loin dans la simplification je pourrais noter le style sponsorisé par le groupe REM, sur « To And Fro », le petit clin d’œil à KRS-One sur « 1130 » ou encore la rythmique typique Timbaland matinée du son Eurythmics sur « Everyone Around You ».

Mais je n’aime pas les simplifications et le courant que l’on appelle Trip-Hop n’est qu’une façon pratique d’assigner tel type d’album à un rayon spécifique d’un grand magasin de disque dans le but d’optimiser les ventes.

J’aurais pu, comme nombre de journalistes spécialisés, mal rasés, blasés et surtout pressés de boucler leur article pour ne pas louper l’apéro dinatoire de 19 heure, restreindre ma critique en comparant sur 20 lignes maximum la musique de Mattafix à tout ce que je connais qui sonne plus ou moins pareil dans la production musicale des dix dernières années.

Mais je ne suis pas journaliste spécialisé et je ne vais pas aux apéros dinatoires. On ne m’y invite plus grâce au fait que je sais comment ne pas être cool quand il faut être hype. Ce qui me laisse le temps et plus de vingt lignes pour transcrire mes impressions sur Shanghai Flow.

Si la musique de Mattafix m’interpelle autant, même avec une génération d’écart, c’est qu’ils font la musique que je connais. Une musique urbaine aux racines diverses, à l’image du vaste bric-à-brac culturel que notre monde semble enfin digérer et qui prit vraiment son essor à la fin des années 70, quelque part dans le Bronx sous le nom du mouvement Hip-Hop.

Mais au delà de la musique, il y a les « lyrics ». Le titre de l’album est « Signs of A Struggle » (Les Marques d’un Combat). Les thèmes abordent souvent les entrechats compliqués des séparations amoureuses comme dans « To And Fro » (qui me rappelle furieusement le style de l’excellent blog de Mamawasabitch), une courte mais juste réflexion sur ce qu’est la vie à Babylone sur « Big City Life » ou encore un questionnement sur la fonction de l’artiste aujourd’hui sur « Impartial ».

Mais, et j’en aurais fini avec cette critique, c’est encore les intéressés qui en parlent le mieux :

« Many of the tracks deal with the individual struggles that both myself and Preetesh have experienced. In many respects they are the typical issues that two young men deal with in a 21st century environment; the turbulent relationships, the family feuds and trying to find a voice in situations where the opinions of young people are not always encouraged. » Marlon Roudette.

« La plupart des morceaux parlent des problèmes individuels que Preetesh et moi avons vécus. Pour l’essentiel ce sont les problèmes classiques que peuvent avoir deux jeunes gars dans le contexte du 21e siècle ; les relations compliquées, les problèmes familiaux et le fait d’essayer de trouver sa propre voie dans un monde où les opinions des jeunes ne sont pas toujours prises en compte. » Marlon Roudette.

Voilà pour Mattafix.

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Mattafix - Marlon and Preetesh (again once more)

Sans être une totale révolution musicale, mais qui croit encore à ce genre de poncifs crées par les marchands de disques malhonnêtes, c’est un album qui a le mérite de pouvoir s’écouter d’une traite sans se lasser. Et mieux encore, de pouvoir se réécouter en creusant encore plus dans le véritable travail de juxtaposition d’idées lumineuses opéré par nos deux « jeunes gars ». En tout cas, il y a des morceaux qui ne laisseront personne indifférent. Pour peu qu’on apprécie le type de musique qui se fait à partir de samples bien exploités et d’une voix qui sait comment se poser dessus.

Mes morceaux préférés sont dans l’ordre : « Gangster Blues », « Cool Down The Place », « Clear and Present Danger », « Older » et « 555 ». Ce qui sur 14 titres indique que j’aime beaucoup cet album.

Maintenant, j’achèterais deux baguettes au lieu d’une chez Jérôme, mon boulanger deejay qui a visé juste en me passant cet album. Et je peux lui dire tête haute que j’ai écouté l’album qu’il m’a passé. Et que « Ouais ! T’avais raison Jérôme, Mattafix c’est vraiment pas mal. Rajoute moi deux pains au raisin s’il te plait. Et au fait, j’ai fais une critique de l’album sur mon blog.»

Pour aller au delà voici le lien de Mattafix : http://www.mattafix.com/

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Commentaires
M
Belliflora > On est plusieurs alors. Je n'ai pas écouté le dernier album et j'aimerais en avoir des nouvelles. L'album de cet article, je l'écoute encore. C'est de la très bonne musique. J'aime bien ton blog aussi :)<br /> <br /> Mister K.
B
salut je tombe sur ton blog en tapant mattafix que j'écoute à l'instant...j'aime beaucoup ton article !<br /> la voix de marlon est tout à fait enivrante...<br /> vive ce groupe, longue vie à eux...<br /> @+
M
Nolwenn Eawy > Tu as un très joli nom. Oui, j'ai écouté Living Darfour de Mattafix. Pas les autres morceaux :)<br /> Mister K.
N
Sincèrement je trouve ta critique sur ce groupe que j'adore excellente ... ça vaut tous les critiques musicales que j'ai pu lire à leurs sujets.<br /> <br /> Tu as écouté ou vu le clip de leurs dernières chansons?<br /> <br /> Voici le lien .... http://fr.youtube.com/watch?v=qQwCCm-H-sU<br /> <br /> Je garde ton blog dans mes favoris pour repasser très vite
N
Coup de coeur, une potion pour ts les goûts... Une musique planante, une merveille découverte à Edinburgh, étrangeté de la vie...
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