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1 mars 2006

Vacances en Boizardie (Part 15)

L’ermite du Camping

    C’est lors de ma première tentative pour échapper au destin cruel qui m’avait fait recueillir Pharkozy dans mon appartement que je m’étais documenté sur la profession d’ermite.

    Ce qui m’empêcha pourtant de me lancer avec enthousiasme dans cette saine occupation, loin de toute collocation infernale, fut le régime alimentaire imposé par la vie dans les bois. Et la présence non négligeable dans le voisinage de monstres mangeurs de scientifiques américains.

    Je profite d’ailleurs de l'occasion pour vous parler de Pharkozy car il est trop souvent mentionné dans ce carnet de voyage. C'est à cause de lui je suis ici en vacances pour oublier les affres de ma vie en collocation avec cet énergumène.

    Ma première rencontre avec Pharkozy remonte à ce soir funeste où je le découvris sur le chemin qui mène de l'arrêt de bus à mon immeuble.

    D’habitude je n’emprunte pas ce chemin car je ne prends jamais le bus. Mais ma vieille R5 avait été brûlée la veille, carbonisée par quelques jeunes gens de mon quartier, au demeurant forts sympathiques en temps normal. Mais suite à un échange animé avec leur ministre de l’intérieur, au sujet de la définition exacte du mot « racaille », ils ont eu un accès subit de racaillage. Je n’ai rien contre les débats d’experts en linguistique sauf quand les experts en question finissent par s’en prendre à mon véhicule faute d’un accord satisfaisant pour l’ensemble des parties. C’était donc la raison pour laquelle ce soir là, je rentrais chez moi, par le biais des transports publics, après une harassante journée de travail. Le temps était épouvantable, il pleuvait des  éléphants.

  Je trouvais donc ce "chat" sur le trottoir, près d’un drôle d'objet ressemblant à une assiette métallique. Un chat rouquin, d'une espèce jamais vue et particulièrement vilain. La pauvre bête miaulait à rendre l'âme. Je pouvais comprendre que le quidam moyen souhaite mettre hors de sa vue un chat aussi laid mais qu'on l'abandonne aussi lâchement dans la rue m'étais difficilement supportable. Et je crus même entendre un vague pitié entre les miaulements. Pris de compassion je décidais de le recueillir chez moi. Ce chat, c’était Pharkozy.

    Si jamais, faisant paisiblement vos courses au supermarché, vous croisez au rayon confitures un vieillard vêtu de peaux de bêtes, les yeux rouges et hagards et que tout à coup cet individu vous hurle dessus en postillonnant : « Soyez sans pitié envers les chats ! Surtout envers les chats venus de l’espace ! Repentez vous misérables ! », évitez, une fois remis de l’effet de surprise, de lui balancer une série de crochets du gauche en tentant de l’étouffer avec vos poches plastiques. Cet homme a raison.

    Pharkozy, mis à part sa laideur hors mesure, semblait un chat d’apparence très ordinaire quoique bien que plus grand et plus gros que la majorité des chats. Héberger ce trouble de l’ordre public fut pourtant la plus grosse erreur que je fis jamais dans ma vie.

    Je ne tardais pas à découvrir à mes dépends que ce chat, prénommé Pharkozy, venait de l'espace, fumait le cigare, préférait la bière au bol de lait et était venu sur terre pour mettre fin aux jours d’un autre extraterrestre du nom de Alf, accusé d’avoir mangé la moitié de sa famille. D’où d’obscurs plans de vengeance qu'il me communiquait en ponctuant ses phrases par « gros nase ».

pharkozy___011
"Alors ça pète gros nase ?"
Pharkozy - Mon colocataire

    Si seulement j’étais rentré chez moi en voiture ce soir là, je serais surement tranquille dans mon paisible appartement, en train de boire une bonne tasse de thé en faisant mes mots fléchés, au lieu de raconter ce voyage en Boizardie, entrepris pour souffler des rigueurs de la collocation. Maintenant vous savez pourquoi le nom de Pharkozy fait parfois surface telle une hydre dans le récit.

     J’étais donc sur le point de rencontrer celui que Philomène, le réceptionniste de Beau Séjour, appelait « l’ermite du Camping ».

    Devant la cabane de ce dernier, il y avait une sorte de jardin potager sauvage. Des légumes poussaient au milieu de fleurs, le tout planté sans logique apparente.

A suivre

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