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Shanghai Flow
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14 décembre 2005

Dream In Blue with Gainsbourg

tof

J’étais dans un bois aux arbres mauves à la recherche de champignons aux propriétés magiques. C’est un vieux sage chinois chez qui j'effectuais une sorte de stage, un ermite vivant dans une grotte aménagée dans les contreforts des Pyrénées, qui m’avait demandé d’aller les chercher dans le bois aux arbres mauves.

J’étais au milieu de cette étrange foret lorsque j’entendis une musique percer l’épaisse broussaille. Je reconnus l’air tonitruant du début de Initials B.B puis les paroles firent suite : Une nuit que j'étais A me morfondre Dans quelque pub anglais Du cœur de Londres…

Je me suis mis en quête de la provenance de ce son. Quelques centaines de mètres plus loin, je débouchais au cœur d’une clairière au centre de laquelle se posait un bâtiment rectangulaire au toit de tôle grises.
Tout le bâtiment était en tôle. Et tout le bâtiment était gris. Tout sauf l’unique porte d’où radiait une douce lumière bleue. Le son venait de là. En me rapprochant de cette porte j’entendais : Agitant ses grelots Elle avança Et prononça ce mot : Alméria. Pourquoi du Gainsbourg ?

Dès que je fus devant l’entrée, la musique cessa. L’intérieur était un immense hangar vide baignant dans une lumière bleue dont je ne pouvais voir la source. Et au centre de cet hangar se tenait Serge Gainsbourg. Une cigarette à la main tenue négligemment. Il semblait absorbé par quelque chose au plafond. Quelque chose que je ne voyais pas car il n’y avait rien d’autre au plafond que des tôles colorées de bleu. Je restais médusé jusqu’à ce que Serge Gainsbourg me remarque.
- Alors mon p’ti gars, reste pas là, ramène toi.
J’avoue que je me suis demandé qu’elle attitude adopter durant quelques secondes. Et les champignons ? Le sage chinois m’avait rappelé à trois reprises que les champignons devaient être cueillis juste avant le coucher du soleil et surtout pas après. C’était capital. Et il fallait que je les ramène avant le journal de vingt heures. Après, le vieux chinois n’aurait plus le temps de les préparer pour sa recette secrète.

Gainsbourg trouvant le temps long est alors venu vers moi. Il me regardait avec mon panier en osier suspendu à mon bras et ma mine interloquée. Dans ces cas là je me met toujours à parler pour dissiper la gène induite par la situation.
- C’est quoi cet endroit ?
Gainsbourg tira une bouffée sur sa clope sans filtre et s’absorba dans la contemplation de ses doigts jaunis par le tabac avant de répondre en me fixant superficiellement.
- Ici c’est là ou tout commence. C’est le rien bleu. Et non pas le Danube fit-il avec un sourire ricanant plein de sous-entendus inaudibles pour moi.
- Et ça sert à quoi le rien bleu ? ai-je demandé pressentant déjà la tournure de sa réponse.
- Ça sert à tout faire. C’est ici que j’ai écrit toutes mes chansons par exemple. Dans le rien bleu. Et ça, il n’y a que moi qui le sait. Et toi maintenant. Tu veux une coupe de champagne ?

Je lui ai dit non.
Il ma regardé puis jetant sa cigarette au sol pour l’écrabouiller du pied il a lancé :
- C’est bien mon p’tit gars, tu viens de passer le premier test. Dis moi à quoi tu penses en ce moment même ?

Je n’ai pas réfléchi et j’ai répondu du tac au tac :
- Je me demande pourquoi Mitterrand fut le dernier grand président de la France.

- Alors regarde la réponse me fit Gainsbourg en désignant d’un geste las le centre du hangar.

Je vis alors se former un nuage de fumée bleue qui se dissipa vite pour laisser place à une vision incroyable.

Je voyais François Mitterrand assis sur un rocking chair sur la terrasse d’un maison de campagne cossue posée sur un colline entourée d’un gazon vert et coupé ras. Il semblait méditer.
En contrebas de la colline il y avait une foule de gens en habits militaire qui scandaient des slogans anti-américains.
Parmi la foule il y avait aussi des hommes sans tête qui tenaient justement leurs têtes entre les mains. Et ils dansaient dans la foule en arborant des pancartes sur lesquelles je pouvais lire : Merci Monsieur Le Président.

Je vis encore dans la foule des jeunes arabes et des noirs portant tous des afros gigantesques brandissant en l’air des badges touche pas à mon pote. Sur leurs tee-shirts était marqué : Merci Monsieur Le Président.

Il y avait encore dans la foule des communistes avec des drapeaux frappés de l’effigie de Che Guevarra qui criaient : Merci Monsieur Le Président. Je vis même très rapidement dans cette foule Yves Mourousi enlever ses lunettes d’écailles et hurler dans un porte voix : Parlez vous le verlan Monsieur le Président ?

La vision disparut. Gainsbourg ralluma une cigarette et me dit :
- Alors p’tit gars, content ?
Je le regardais longuement. Il portait un ensemble en jean délavé. Avec la couleur bleue de l’endroit c’était surréaliste.
- C’est donc à ça que ça sert cet endroit ?
- Pas qu’à ça. Au fait, puisque t’es là p’tit gars, t’en penses quoi de mes chansons ?

J’avoue avoir bégayé en lui répondant : Initials B.B c’est quand se déchire l’illusion de l’amour de la beauté.

Gainsbourg a souri.

Juif est Dieu c’est la seule réponse à donner aux cons qui se la jouent en s’appropriant des concepts qui les dépassent.

Gainsbourg à encore souri en rajoutant mais encore ?

Et La ballade de Melody Nelson c’est celle de la raison confrontée à ses pire travers. Maintenant il faut absolument que j’ailles cueillir des champignons Serge.

Je me suis étonné moi-même du degré de familiarité dont je faisais preuve avec lui en l'appelant par son prénom. Tout ce qu’il m’a dit alors que je m'en retournais dans le bois mauve c’est :

P’tit gars, tu sais ou se trouve le rien bleu maintenant. Et les champignons que tu cherches, faut savoir que c’est pour faire la recette de l’omelette qui apportera la paix sur terre.

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Commentaires
M
merci max pour ton objectivité ;-) j'ai bien rammassé les champs avant l'heure imposée mais le rêve s'est arrêtté avant que le vieux chinois n'ai pu commencer sa cuisine mystique.
M
Sans vouloir être désagréable <br /> - soit tu as ramassé les champignos après la tombée de la nuit.<br /> - soit ton chinois a préféré regarder les jeux de 20 heures plutôt que de te préparer l'omelette<br /> - soit tu devrais arrêter de fumer l'herbe qui rend bête<br /> <br /> parce que la apix sur Terre n'est pas pour demain on dirait<br /> <br /> et pour être objectif<br /> C'est une bien jolie histoire que tu nous a raconté
M
c'est l'intégralité d'un rêve que j'ai fait et noté il y a bien dix ans de ça, il y a des éléments que j'ai omis ici par soucis de cohérence (si on peut parler de cohérence en l'espèce). Le Rien Bleu est devenu un véritable concept personnel depuis ;-) Quand aux champignons je les avaient trouvés non pas dans la foret aux arbres mauves mais dans un grand champ contigu couvert de tombes datant de la première et deuxième guerre mondiale. Assez effrayant.
M
j'ai bien aimé cette allegorie un peu folle, surtout vécue avant d'avoir mangé les champignons de la forêt aux arbres mauves, quelque part ça me rassure!
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