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Shanghai Flow
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20 novembre 2005

Audimat Blues (Télé Réalité part 1)

loft_story_eye

"On vous tiens à l'oeil."

La télé réalité. Ces émissions hautes en couleur et riches en rebondissements variés qui illuminent le petit écran de nos chers foyers. Enfin le foyer de ceux qui n'ont pas encore arraché les touches 1 et 6 de leur télécommandes en les jetant par la fenêtre avec une frénésie animale en poussant ces glapissements que l'on entends chez les personnes enfin libérées d'un envoûtement vaudou.

Je ne perdrais pas mon temps à agoniser comme tant d’autres le font ces productions audiovisuelles. Ce serait bien trop onéreux en adjectifs dépréciatifs. Il me suffira d'une phrase de cinq mots. C'est de la merde. Et celle là ne porte pas bonheur.

Par contre, ce qui me préoccupe et me donne à réfléchir sur la condition humaine ce sont les individus qui préparent et réalisent cette télé poubelle (les journalistes modernes disent télé trash, c’est pas français mais pleins de gens qui prennent de la bonne coke le disent…).
Ces personnes ont ils jamais éprouvé, même à l’état de protozoaires une once de compassion pour leurs congénères humain ?

Comment en sont arrivés à concevoir pour les cerveaux de leurs semblables ces émissions à faire pâlir n'importe quel programme de solution finale ? Il y a-t-il un complot de la caste médiatique contre les parias que sont la masse des téléspectateurs ?

J’imagine, non sans me faire violence, le processus se mettant en place dans l’esprit d’un créateur d’une émission de Real-TV (comme disent les gens qui prennent de la bonne coke).
Nommons ce créateur un télé-réaliteur , question de verser dans le néologisme et la francisation radicale. Il y a le télé-réaliteur, celui qui crée les programmes et les télétrasheurs (autre invention personnelle), celui qui subit les délires du télé-réaliteur en étant candidat volontaire dans le programme.

Notre télé-réaliteur se lève un matin, la tête encore lourde du bourre-pif de la veille avec ses copains qui bossent dans la pub.
Il se prénomme Matthieu, il a 36 ans. Petit il adorait Casimir mais depuis le jour où il apprit que l’île aux enfants n’était pas dans les nuages mais dans un studio, assez minable il faut dire, à Boulogne, Matthieu en veut un peu au monde entier.
Matthieu travaille pour une société de production de programmes de real tv. Disons Enbémol Productions (toute ressemblance avec une société réelle n'est que pure coincidence).

Le poste de Matthieu : conceptualisateur des programmes. Je sais qu’aucun dictionnaire ne vous aidera à corriger ce mot mais c’est bien le terme employé dans la profession. Il s’agit donc bien d’un travail moderne, à la pointe même de la modernité.

Un conceptualisateur de programmes de téléréalité, notre télé-réaliteur donc, a pour but de réunir un groupe de gens, les candidats ou télétrasheurs, au moyen de castings « hyper » sélectifs dans un premier temps.
Ensuite il devra trouver un endroit ou entreposer ces candidats dans le but avoué de les filmer en permanence. L'endroit peut varier.
De la villa de nabab à l’île déserte au confins du monde civilisé, en passant par un château meublé des pires articles de chez Ikéa et décoré avec le plus de mauvais goût possible. Pour coller un tantinet à la réalité des spectateurs quand même.
Enfin, dernière étape, le télé-réaliteur doit trouver Le Scénario.

Et c’est là qu’il révèle ou non son talent de télé-réaliteur au reste de la corporation des télé-réaliteurs. Car le scénario doit être suffisamment vicieux afin d’obliger les candidats cobayes à révéler de gré ou de force les pires travers de leurs personnalités au restant de l’humanité et de plus, le scénario doit faire mieux (mieux c’est le terme qu’emploie le télé-réaliteur, l’humain lambda dirait pire) que les différents programmes de télé réalité précédents.

    Et là il faut vraiment qu’il justifie son gros salaire de télé-réaliteur.
    On a néanmoins pu constater dans notre pays quelques vicissitudes à ce niveau.

    Il faut savoir qu'après Greg le Millionnaire (vous savez le faux plombier marseillais qui en vérité travaillait dans l’industrie du charme très dur) le télé-réaliteur qui s’occupait de conceptualiser la suite à dit :
« On n’a qu’à faire une suite mais avec un concept super top différentiel ».
    Tous ses amis, en vrac (au propre et au figuré) autour d’une piscine privée à Ibiza se sont alors retournés vers lui, l’air vaguement intéressés.
« On a qu’à prendre l’une des candidates de l’année dernière, la super bonne asiatique que tout le monde détestait par exemple et en faire le point climax (avec l’accent anglo-saxon de français qui prends de la bonne coke). Ce serait elle qui sélectionnerait son futur mari. »
    Il n’y eut aucun remous autour de la piscine. L’idée fut donc adoptée à la majorité.
    L’émission fut produite et enregistrée : échec retentissant, le télé-réaliteur remercié (il sévit dans la publicité maintenant) et l’on s’empressa vite de trouver un nouveau conceptualisateur.

signaturejd

Jean d'Orson
pour Shanghai Flow

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Commentaires
J
il faudrait rajouter à ton commentaire ce petit dicton : l'âne ne mange que le fourrage qu'on lui donne, le public est suiviste, donc, à mon sens, la responsabilité se trouve chez celui qui fabrique des émissions, tout le problème est là, soit les medias sont populistes (ce qui est le cas de Tf1 par exemple)soit ils sont élitistes (ARTE) et entre les deux il y a le reste, pratiquement inexistant ou alors insipides de mièvrerie et de "politiquement correcterie" (j'adore les néologismes)++ Lady, plaisir de te lire toujours
L
Hum hum, le télé réaliteur donne ce que le public qui n'a pas honte d'atteindre les gouffres de la connerie (merci Bigard) attend. Il n'a plus à se ruer le lundi matin chez son libraire afin de se jeter sur les magazines débiles, tape à l'oeil et raccoleurs, il n'a enfin plus qu'à donner un petit coup de pouce sur le clavier de sa zappeuse et il peut enfin assouvir ses instincts primaires de voyeurisme de bas étage. Si il n'y avait pas d'attente du public, il n'y aurait aucun succès à ce genre d'émission. Pourquoi la bombe asiatique n'a pas fonctionné ? trop sage au final. Bref ce n'etait que mon humble point de vue.
Shanghai Flow
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