Joe Le Bolok présentation d'un voisin

Macho, paresseux, radin, égoïste, sale et d'une mauvaise foi en titane. Le cauchemars sur patte de n'importe quelle femme de la Tanzanie au Chili en passant par le seizième à Paris.
Comment je connais un pareil spécimen ? C'est mon voisin de palier, il habite pile en face de mon appart. Et il s'appelle Joe Le Bolok. J'ai failli exploser de rire la première fois qu'il m'a dit comment il s'appelait. Mais il est resté sérieux comme la mort et voyant mon air incrédule, il m'a montré ses papiers avec un air de défi dans le regard.  Et c'est son vrai nom. Le Bolok avec un k et Joe comme prénom . Joe Lucien Anastase Le Bolok pour l’état civil complet. "Ma mère lisait Lucky Luke. Elle adorait cette merde. C'est pour ça : Joe !"
Bien sur, tout s'éclaire, l'évidence même. Et quand il parle il a toujours cet aplomb.
Je voudrais l'inventer je pourrais pas. Ce type me fascine. Il fume du tabac à rouler que je n'ai jamais vu dans le commerce, se fait la banane années 50 dégoulinante de gomina et porte des bottes de cow-boy en peau d'alligator. "Troquées aux puces il y a dix ans contre la perruque à Guy Lux." comme il aime à le rappeler. Véridique. Et quand je lui ait demandé par quel mystère il était en possession du postiche capillaire de l'ancienne gloire de la télé il m'a répondu : "Bah je lui ait piqué direct sur sa tête pendant un Interville à Montpellier. Je faisait du camping dans le coin quand j'étais plus jeune." Hallucinant. Si j'avais plus de temps j'écrirais un bouquin sur cet homme là. Je me contenterais du blog pour le moment.
Et faut l'entendre commenter l'actualité ou n'importe quel sujet sur lequel on a le malheur de le brancher. Pour ma part je suis très fan. Des fois je passe le voir, prétextant qu'il me manque du sucre ou du café qu'il n'a jamais au passage, rien que pour ça. Le dernier truc dont on a parlé concernait Sarkozy. Depuis que j'ai mon petit dictaphone mp3, j'enregistre carrément mes discussions avec lui. Du jamais entendu nulle part.
Quand la presse à relayé les soucis de couples de Sarkozy cet été, le premier truc qu'il m'a dit texto c'est : "Faut pas courir deux lièvre à la fois, on peut pas mesurer la taille d'une sonnette, fliquer toute la France, filer la chiasse à Chirac, jouer les grandes gueules et s'attendre à ce que sa nana reste." Mais, quel est le rapport ? j'ai demandé assez éberlué comme d'habitude. "Ben faut pas courir deux lièvres à la fois. D'ailleurs ça c'est jamais vu et c'est impossible. Tu verras, le problème à Sarkozy c'est qu'il veut trop jouer au con alors boom ça lui pète à la gueule. Les meufs supportent pas ça, faut le savoir. C'est logique, tu peux pas niquer et en plus niquer."
J'ai hoché la tête pendant une longue minute l'air de celui qui viens enfin de comprendre une vérité universelle longtemps cachée aux humains tout en tentant désespérément de pas hurler de rire en arrachant le papier peint.
Ce type est un dieu. Et le mieux c'est que quand il parle, il l'air du type qui a tout vu, tout vécu et tout compris et qu'il va te l'expliquer par ce que c'est ton jour de chance. Les concepts de raisonnement logique et d'associations d'idées doivent prendre des proportions fabuleuses dans son cerveau.
Je dois m'arrêter là pour aujourd'hui mais je ne manquerais pas de donner des nouvelles de Joe. Raison pour laquelle il ne verra jamais ce blog ? Je transmet ses propos sur la question.
« L’informatique ? De la merde. Et le Ternet tout pareil (1). C’est les plans à Bush et à l’autre con à lunette là (2) pour que les gens bouffent leur temps sur des conneries d’écrans pendant qu’eux ils font les leurs bien tranquilles. M’auront pas avec ces conneries moi. J’ai la radio ça me suffit comme il faut. »

(1) NDLT : le Ternet c’est l’Internet à Joe
(2) NDLT : ça c’est Bill Gates